L’Unique Messe Catholique – article perdu de l'Abbé de Nantes et la CRC
"Nul ne peut ériger sa conscience en magistère marginal pour accuser de péché."
Notes de The WM Review
Nous mettons à disposition le texte suivant à titre d'intérêt historique, tout en précisant qu'il contient de nombreuses opinions que nous considérons comme fausses, trompeuses et dangereuses.
En effet, l'abbé de Nantes met en garde contre certains des dangers de ses propres conclusions dans le texte lui-même.
À notre connaissance, ce texte n'est disponible en ligne qu'en anglais. Nous espérons qu'en le publiant en français, la tolérance exprimée pourra conduire à une réévaluation de certaines hostilités dont fait preuve la CRC contemporaine à l'égard d'autres catholiques.
Voir d'autres commentaires ici.
Remerciements à M. P. Boralevi pour son aide à la traduction.
L’Unique Messe Catholique – Validité, Licéité, Bienfait
Abbé Georges de Nantes
La Contre-Réforme Catholique au XXe Siècle
No. 91, Avril 1975
Le Saint-Sacrifice de la Messe n'est pas le premier des sacrements mais il est certainement le plus grand. Le plus abondant aussi, puisque depuis des siècles, chaque jour un nombre incommensurable de fois et par toute la terre évangélisée, il réitère le Sacrifice et Sacrement de la Cène et du Calvaire. Il est le plus grand des sept sacrements, et donc la plus nécessaire et la plus sainte de toutes les actions des hommes, parce que le Christ en est le Souverain Prêtre médiatement par le ministère des prêtres et immédiatement la Victime et le Don par son propre Corps et son Sang vraiment, réellement et substantiellement présents sur l'autel.
Dans cette œuvre excellente ordonnée à la constitution de son Corps Mystique, l'Église hiérarchique est la coopératrice du Christ en vertu du don de l'Esprit-Saint conféré aux Apôtres et à leurs successeurs, en premier lieu à leur chef St Pierre et aux Évêques de Rome après lui. L'Église ne faisant qu'un avec le Christ offre le Saint-Sacrifice au Père pour la multitude assemblée.
Cette œuvre est effectuée par le prêtre qui en est le ministre direct pour le peuple qui y participe. Le prêtre est alors l'instrument du Christ et de l'Église, subordonné mais actif, les fidèles en sont les participants, que leur culte spirituel dispose à en recevoir les fruits. Pour savoir donc si une messe présente tous les caractères de perfection exigés ou désirables, on observera que l'action du Christ en assure la validité, la coopération de l'Église la licéité, les dispositions du prêtre et des fidèles le bienfait.
I. L’action du Christ Souverain Prêtre détermine la validité de la Messe
La parole de Jésus à ses Apôtres: « Toutes les fois que vous ferez ces choses, vous les ferez en mémoire de moi », entendue selon la Tradition, institua les deux sacrements de l'Ordre et de l'Eucharistie. Les prêtres obéissent donc au commandement du Seigneur et usent du pouvoir qu'il leur a donné quand ils font ce qu'il a fait le premier, tel qu'il l'a fait en substance, avec l'intention de faire sérieusement et vraiment, précisément ce qu'il a fait lorsqu'il leur en a donné l'exemple et le commandement.
1. Du fait que le célébrant a été ordonné prêtre et qu'il agit en tant que tel, il se fait l'instrument de Jésus-Christ dont il tient la place. Prononçant ces paroles et refaisant ces gestes, c'est le Christ qui agit alors à travers lui et par lui infailliblement.
2. Du fait que le prêtre prend du pain et du vin, une action nouvelle est engagée, distincte de toute autre passée ou présente, proche ou lointaine. Ce n'est pas un récit, une évocation ou une « simple mémoire », mais une réitération de l'action. C'est un nouvel acte du Christ.
3. Du fait que le prêtre prononce les paroles du Christ, sur ce pain « Ceci est mon Corps » sans même que soit précisé « livré pour vous», et sur ce vin « Ceci est mon Sang » ou toute parole équivalente, même si les suivantes sont omises ou modifiées qui précisent «Sang de la Nouvelle et Eternelle Alliance – Mystère de foi – répandu pour vous et pour beaucoup en rémission des péchés », la forme de cette action manifeste la présence physique du Christ sacrificielle et sacramentelle.
The WM Review: L'affirmation selon laquelle les mots qui suivent « Ceci est mon sang » peuvent être omis ou modifiés est une opinion soutenue par certains théologiens. Elle est cependant rejetée par de nombreuses autorités de poids.
Voir la Note Doctrinale I ci-dessous pour plus de détails.
Présence sacrificielle
Il est significatif que le Corps et le Sang soient ici séparés, comme ils ne l'ont été qu'une fois dans toute l'histoire, au Calvaire où Jésus versa son Sang, réalisant le grand et unique sacrifice de sa mort. C'est donc le signe et la réalité du Mémorial, représentation et réitération non sanglante de sa mort rédemptrice par Jésus lui-même, prêtre et victime.
Présence sacramentelle
Il est significatif que ce Corps livré et ce Sang répandu prennent et assument les apparences du pain et du vin, nourriture et breuvage communs et universels de l'humanité. C'est le signe et la preuve du sacrement invisible, le don de Dieu aux hommes de sa propre vie, dans le Christ, pour leur croissance spirituelle en Église.
Le prêtre
Le prêtre comme serviteur du Christ, prononçant ces paroles exemptes d'ambiguïté sur ces matières neuves, consacre par la puissance sacerdotale du Christ qui agit souverainement et réalise indissociablement la Présence, le Sacrifice, le Sacrement.
Ceux qui nient en partie ou entièrement ce dogme sont étrangers à la foi, aveugles sur les Écritures, rebelles à la Tradition. Ils méprisent ce qu'ils ignorent et, ne discernant pas le Christ et son Action, Ils encourent la malédiction divine. Les hérétiques qui renient la Messe et l'abandonnent pour un autre rite ne font qu'un simulacre, ni présence, ni sacrifice, ni sacrement. En revanche, les prêtres qui nient ou altèrent le dogme et célèbrent cependant la messe, n'étant que les subordonnés du Souverain Prêtre, font en réalité et vérité plus qu'ils n'ont dans l'idée et le vouloir, ils font ce que pense et veut leur Maitre et Seigneur, Sacrifice parfait qu'il a institué et continue lui-même, fût-ce par leur ministère indocile et infidèle.
Certains ont exprimé là-dessus des opinions dangereuses, accordant trop au prêtre considéré comme « coopérateur » du Christ (DTC, Intention, col. 2276, 1er par., exagéré).
L'intention du prêtre, même celle que les théologiens appellent l'intention interne, consiste pour le ministre de l'Eucharistie à se mettre à la disposition du Christ pour son œuvre mais ne saurait, outre cela, imposer au Christ ses idées et ses volontés comme s'il le régentait ! Qu'il ait la foi ou non, des idées incertaines, confuses ou fausses, qu'il ait des volontés droites ou coupables, qu'il soit en état de grâce ou de péché, il
« Doit avoir l'intention de faire AU MOINS ce que fait l'Église. C'est la volonté de faire ce que le Christ a voulu, de suivre la pratique de la société voulue par lui, quelle qu'elle soit, ou même d'accomplir un acte religieux en usage parmi les chrétiens » (ibid. col. 2272, cf. 2276, 2è parag., bon).
Il est certes préférable pour lui que le prêtre ne s'en tienne pas à ce minimum. Mais il est nécessaire que les fidèles se contentent de ce minimum pour savoir et croire que la messe est valide.
Hors de l'Église, dans les sectes schismatiques, cette intention devra fournir ses preuves et être scrutée. Dans l'Église, non. A moins de dérision ou de volonté de simulacre ... « il faudrait avoir l'âme bien dépravée pour refuser de parti pris ce minimum » (3è par.). Mais dans ce cas, ou bien cette dépravation est délibérément occulte, et alors qui pourra la déceler ? ou bien elle se déclare dans l'affirmation sans équivoque du prêtre que «c'est du cinéma» !
Le Nouvel Ordo et l'Ancien sur cette question de la validité essentielle et intrinsèque de la Messe sont absolument équivalents, malgré les affirmations contraires et les miennes si j'en ai exprimé de telles. Aussi aptes l'un que l'autre à déterminer l'Action consécratoire, sacrificielle et sacramentelle du Christ, de par son institution divine qu' ils suivent en substance et par la sujétion du prêtre au Christ que comporte son intention, même confuse et implicite, de dire la Messe ou de « célébrer l'Eucharistie ».
The WM Review: Cette affirmation de validité soulève la question de plusieurs façons.
Voir la Note Doctrinale II ci-dessous pour plus de détails.
J'insiste parce que certaines exigences outrées conduisent trop do fidèles à mépriser nombre de messes dites modernes effectivement valides, à nier la Sainte Réserve, à insulter ainsi au caractère sacerdotal du prêtre célébrant et en tout cela à pécher contre le Christ lui-même Souverain Prêtre en son Sacrifice qu'ils s'imaginent défendre !
Note du rédacteur : Comme nous le verrons, si de Nantes écrit ici contre l'idée de dire aux autres d'éviter la messe Novus Ordo, il reconnaît la légitimité de suivre cette opinion à la fois en théorie et en pratique.
II. L’Action de l’Église Coopératrice du Christ Détermine la Licéité
L'Ordination conférée à ses Apôtres par le Christ donne à chaque prêtre un pouvoir personnel sur son Corps et son Sang. Mais c'est en dépendance du pouvoir collégial donné à l'Église hiérarchique d'en être la coopératrice avec son Seigneur. Et sa participation mystique à tout sacrifice eucharistique se manifeste par l'ensemble des règles liturgiques qui déterminent selon ses volontés la confection, la distribution et l'application des fruits de ce sacrement. Les rites et rubriques fixés par elle garantissent sa coopération à l'œuvre du Christ et en parachèvent la plénitude mystique. Ils déterminent donc la licéité de l'Action.
Cependant l'Église est divine et humaine, faillible et infaillible. Le péché se mêle à la sainteté, jusque dans son gouvernement pastoral et son œuvre législative. Tout ce qui est canoniquement licite peut n'être pas toujours également bon moralement. Les lois de l'Église ne s'imposent donc pas au même titre absolu à l'adhésion intérieure et à l'obéissance de ses membres. J'ai expliqué ailleurs, dans ma Lettre à S. S. le Pape Paul VI, le 11 octobre 1967 (CRC N° 1-2), comment toute nouveauté se décante avec le temps, comment l'Église n'assimile avec le concours du Saint-Esprit que le plus pur et le plus saint des apports de chaque époque et rejette le reste. D'où le critère d'antiquité bien connu : tout ce qui dans l'Église est revêtu du double caractère de l'antiquité et du consentement unanime est, de ce fait même, exempt d'erreur et de mal, édifiant, infaillible et saint. Ce qui vient de la Tradition séculaire est inattaquable et légitime, incertain au contraire et encore discutable ce qui est neuf.
L'Antique Messe Romaine, comme tant d'autres rites, catusien, lyonnais, ambrosien, orientaux, mais plus que tous, est, du fait de sa haute antiquité et de la vénération universelle, parfaite et sainte, sans aucun mélange d'erreur, d'ambiguïté ou de vice. St Pie V par sa Bulle Quo Primum s'est à jamais dressé contre les Novateurs qui prétendraient, en quelque temps que ce soit et si élevés qu'ils soient, faire opposition à la pleine et inaltérable licéité de ce rit. L'autorité d'un jour n'a aucune raison ni mission de déclarer illicite ce que l'Autorité de toujours a établi et conservé, parce que cela est, dans le trésor de la tradition, infailliblement vrai et absolument bon.
Toute interdiction de ce rit romain antique constitue un abus de pouvoir, nul et non avenu, et justifie une suspicion de schisme, pour rejet de la tradition, et d'hérésie, pour éloignement des dogmes saints. Celui qui célèbre la Messe dite de St Pie V donne au Christ et à l'Église d'accomplir ce sacrement par son humble ministère sans que le caprice ou les humeurs d'un Évêque ou d'un Pape jette aucun trouble dans cette divine ne harmonie ni n'en altère la plénitude.
En revanche, la Messe de Paul VI est neuve. Création de l'Église aujourd'hui, elle est licite donc, il n'est pas certain qu'elle soit bonne. Promulguée par le Pape et reçue par l'ensemble des Évêques, sa licéité est indiscutable. Contester qu'elle ait été promulguée par l'Autorité Apostolique est impossible. Contester que son Auteur le Pape Paul VI soit l'Autorité légitime est un acte de schisme évident. C'est un raisonnement typiquement luthérien d'en appeler, en cas de conflit, de l'autorité visible hiérarchique à l'autorité invisible d'une Église de rêve, spirituelle et sainte, qui jugerait évidemment en tout comme nous ! Il est honnête de reconnaître que c'est l'Église qui célèbre l'Eucharistie avec le Christ par tout prêtre suivant cet Ordo Missa nouveau qu'elle lui a donné.
The WM Review: Naturellement, nous ne sommes pas d'accord pour dire que la licéité du Novus Ordo est indiscutable ; ni que remettre en cause la légitimité de Paul VI etc. est un acte de schisme ; ni que constater un changement complet de religion par rapport à celle que pratiquaient nos grands-parents correspond à une nostalgie luthérienne d’une sainte Église spirituelle imaginaire.
Messe millénaire, rites séculaires, Messe nouvelle, c'est toujours l'unique Messe du Christ et de l’Église catholique, valide donc et licite. Dieu ne permettrait pas que les apparences et les lois soient menteuses et qu'il n'y ait rien de valide ni de licite dans le rit d'institution divine codifié par ordonnance hiérarchique romaine. Ou alors les Portes de l'Enfer auraient prévalu. Il n'y aurait plus d'Église.
The WM Review: L’institution qui nous a donné le Novus Ordo n'est en effet pas l'Église. Au contraire, si l'Église nous avait donné un rite tel que de Nantes lui-même s'apprête à le décrire, cela signifierait que les portes de l'enfer auraient prévalu.
Toute messe valide et licite produit du fruit en abondance, de propitiation, de sanctification et de communion fraternelle. Mais seuls reçoivent ces bienfaits ceux qui en sont rendus dignes, par leur état de grâce et leur ferveur mais au-si par l'effet d'instruction et d'édification de l'Action liturgique. Et si personne ne s'en trouvait digne, les fruits en reviendraient au trésor de la Communion des saints.
La Messe de Paul VI, canoniquement licite, instruit-elle de la vérité du Mystère de Foi, dispose-t-elle ses participants à en recevoir les fruits? Est-elle pure de toute erreur, exempte de toute malice? La Tradition n'ayant pas encore fait son œuvre d'assimilation et de rejet, rien n'est assuré, sinon humainement par la confiance ordinaire des fidèles et des Pasteurs envers le Pape et l'Église de Rome, confiance qui par extraordinaire pourrait être trompée...
The WM Review: Il s'agit d'une négation d'une thèse très courante, enseignée en fait par le magistère, selon laquelle les rites disciplinaires universels de l'Église (dont le Novus Ordo aurait, prima facie, toutes les caractéristiques) sont « infailliblement sûrs » et ne contiennent rien qui ne soit pas en harmonie avec la révélation divine. L'idée qu'il faut faire un « travail d'assimilation et de rejet » avant d'en être sûr semble être une relique du gallicanisme.
The WM Review: Nous arrivons maintenant à ce qui est, pour nous, la partie la plus intéressante et la plus importante de ce document - dans laquelle de Nantes déclare explicitement que la question de « que faire » face au Novus Ordo est une question ouverte.
Ainsi, selon de Nantes, ceux qui ont des opinions différentes sur ce sujet - jusqu'à éviter « absolument » la Messe Novus Ordo - ont le droit de le faire.
En revanche, il demande à ceux qui choisissent d'adopter le Novus Ordo de ne pas élever leurs propres opinions au rang de « magistère marginal » et d'accuser de péché ceux qui l'ont rejeté.
Le jugement de valeur à porter sur ce nouvel Ordo appartient aux gens instruits, liturgistes et théologiens. Mais la décision de l'adopter, de le préférer à l'ancien ou au contraire de l'éviter, ou de le fuir absolument, selon qu'il est considéré comme un moyen d'édification ou comme un piège, relève du jugement de la conscience de chacun, dûment instruite et formée. La discussion entre théologiens reste ouverte. Mais nul ne peut ériger sa conscience en magistère marginal pour accuser de péché ceux qui ont adopté une autre ligne de conduite que celle qu'il préconise. Il n'y a plus là que péché d'intention, relevant du seul for interne.
Pour nous, le nouveau Missel de Paul VI est l’œuvre de la malice des hommes. Sa définition de la Messe est hérétique avec perversité, ses créations copient les rits protestants, ses modifications mineures s'inspirent d'un relativisme doctrinal et d'une tiédeur spirituelle communicatifs qui empoisonnent graduellement et mal édifient ceux qui en usent. Enfin, il a donné le signal de toutes les dégradations des rites sacrés jusqu'aux pires profanations. Telle est du moins notre opinion, prouvée, proclamée, jamais réfutée.
The WM Review: En effet, lorsqu’on lit l'opinion de l’Abbé de Nantes sur le Novus Ordo, il est très difficile de comprendre pourquoi tant de ses disciples l'adoptent avec une telle vigueur aujourd'hui - non seulement en le fréquentant habituellement, mais en le choisissant, lorsqu'ils pourraient choisir autrement, pour des événements tels que les baptêmes, les mariages et les enterrements.
C'est très difficile à comprendre, même à la lumière de ses encouragements nuancés dans les derniers paragraphes:
Qu'en est-il, dans ces conditions, du bien divin et ecclésial de la Messe? Il parvient encore à ceux qui la célèbrent ou y participent avec une foi catholique, une sincère obéissance à l'Église, une intention pure, et qui se gardent en outre du piège de l'erreur et de la tiédeur. Il est contrarié et changé en crime chez ceux qui s'attachent à cette Nouvelle Messe par volonté d'hérésie et de profanation. Ceux-là, entrant dans les intentions l’hérésiarque sue ce nouveau rit, commettent le péché d'hérésie dans la Messe même et, la profanant, se couvrent d'un sacrilège. Leur crime est d'autant plus grand que leur participation à l'Action est plus importante et entraîne un plus grand nombre de fidèles. Enfin, ceux qui suivent les ordres des supérieurs par une obéissance aveugle, et donc désordonnée, se mettent eux-mêmes en grand danger d'être pris dans le piège qui leur est tendu.
La solution n'est pourtant pas de nier ce qui nous demeure commun à tous grâce à Dieu, la Présence du Christ, l'Autorité de l'Église maintenant la validité et la licéité de nos messes catholiques. Elle est de réclamer du Pape Novateur d'abord qu'il se justifie dans sa foi en proscrivant l'hérésie luthérienne et moderniste, en excommuniant les hérésiarques, et qu'il lutte contre l'épouvantable désordre liturgique en faisant respecter la haute discipline de l'Église. Puis l'Église de toujours décidera, et ce sera bien.
The WM Review: Naturellement, nous ne sommes pas d'accord avec ces derniers commentaires sur la sagesse d'assister à la Messe, et nous considérons que même son encouragement nuancé à assister au Novus Ordo est erroné, dangereux et imprudent.
Mais ce n'est pas nous qui prenons de Nantes comme une autorité, et ses opinions n'ont donc aucune importance, et il n'y a pas d'incohérence de notre part. L'essentiel réside plutôt dans les questions suivantes :
Pourquoi cet article n'a-t-il été jusqu’à présent disponible qu'en anglais ?
Pourquoi tant de ceux qui appellent de Nantes « notre père », « le théologien de la Contre-Réforme catholique au XXe siècle1 » et « Docteur mystique de la foi catholique2 », ont-ils adopté une attitude tout à fait contraire à ce qui est dit ici - à la fois en ce qui concerne le Novus Ordo lui-même, et en ce qui concerne ceux qui souhaitent « le fuir absolument » ?
Si c'est parce que la position a été désavouée par la CRC, ne reste-t-il disponible en anglais qu’en raison d’un oubli ?
Mais si elle a été répudiée à la lumière d'un examen plus approfondi, ne pouvons-nous pas alors reconsidérer plusieurs autres positions avancées par de Nantes ?
Je ne pose pas ces questions par hostilité, mais plutôt avec l'espoir que nous pourrons avoir un peu plus de compréhension et de tolérance entre les différents groupes qui essaient de comprendre l'état de l'Église à notre époque.
Note Doctrinale I
L'affirmation selon laquelle les mots qui suivent « Ceci est mon sang » peuvent être omis ou modifiés est une opinion soutenue par certains théologiens.
Elle est cependant rejetée par de nombreuses autorités de poids. Ces autorités soutiennent avec force que la forme longue est nécessaire à la validité, de sorte qu'une modification substantielle du sens des mots invaliderait le sacrement.
Cela s'applique particulièrement et très certainement aux changements de ce qui est commun dans le sens et la signification essentielle exprimés dans toutes les formes plus longues utilisées dans les différents rites de l'Église catholique. Un exemple serait le changement des mots « pour beaucoup » en « pour tous » – comme c'était le cas dans de nombreuses traductions vernaculaires dans les pays autres que la France.
Les autorités qui soutiennent que la forme longue est nécessaire sont notamment les suivantes :
Saint Thomas d'Aquin3
Tous les thomistes précédents jusqu'à Cajetan.4
Le catéchisme du Concile de Trente5
De defectibus (la partie du Missel qui traite des défauts)6
Les Carmélites de Salamanque. (Salmanticenses)7
Omlor déclare également :
De très nombreux grands théologiens, y compris des saints, des papes et des docteurs de l'Église, ont affirmé que les mots « Ceci est (le calice de) Mon sang » ne suffisent pas à eux seuls à assurer la validité de la consécration du vin, mais que la forme entière, y compris « pour vous et pour beaucoup en vue de la rémission des péchés », est absolument essentielle.
Parmi ces partisans de la « Pars Negativa », on peut citer saint Thomas d'Aquin, saint Antonin, le pape saint Pie V, le pape Innocent III, les auteurs du catéchisme du concile de Trente, le cardinal Raymond Capisuccus, O.P., ces brillants thomistes : les célèbres carmélites déchaussées de Salamanque connues sous le nom de Salmanticenses, Herveus, Capreolus, Sylvester, Tabiena, Armilla, Peter de Soto, Viguerius, Bartholomeus Spina, Arauxo, Marcus Huertos, John Nicolai, Gonet, John Vincent Asturicensis, John Gonzalez, N. Franciscus, Thomas Argentina, Richardus, N. Philippus, N. Cornejo, John Gerson, Aegidius Columna, Andrew Victorellus, Lorca, Thomas Hurtado, Pasqualigo, Petrus de Palude, Henry Henriquez, S.J., Francis Amicus, S.J., John of Freiburg, Jacobus de Graffiis, O.S.B., F. Macedo, O.M., et Père Maurice de la Taille, S.J.8
On peut se demander dans quelle mesure les mots « Mysterium fidei » sont essentiels pour la validité, étant donné qu'ils sont omis dans de nombreux autres rites.
La formulation exacte n'est pas nécessaire pour la validité. Il n'en reste pas moins vrai que toutes les formes traditionnelles sont du « même type défini », comme l'ont dit les évêques anglais à propos d'un autre ensemble de rites sacramentels. Aucune forme traditionnelle n'omet de préciser que le sang du Christ est versé « pour beaucoup ».
Même les théologiens préconciliaires qui soutenaient que la forme courte était tout ce qui était nécessaire pour la validité soutenaient également que, dans la pratique, la forme longue devait être traitée comme essentielle, en raison des principes de la théologie sacramentelle.
Cela impliquerait, par exemple, de répéter les mots de la consécration si une partie de la forme plus longue était modifiée au point de subir un changement substantiel de signification.
Ce point ne peut être éludé en disant que l'Église a le droit de changer les rites sacramentels. Elle a le droit de changer certains éléments des rites, à condition qu'ils ne « touchent pas à l'intégrité et aux parties nécessaires des sacrements ».9
St Pie X et Pie XII ont été encore plus clairs :
« (I)l est bien connu qu'il n'appartient pas à l'Église d'innover quoi que ce soit qui touche à la substance des sacrements ». (St Pie X)10
« Selon l’enseignement du Concile de Trente, les sept sacrements de la Nouvelle Loi ont été tous institués par Notre-Seigneur, Jésus-Christ et l’Église n’a aucun pouvoir sur « la substance des sacrements », c’est-à-dire sur les choses que, au témoignage des sources de la révélation, le Christ, Notre-Seigneur, a prescrit de maintenir dans le signe sacramentel.» (Pie XII)11
Note Doctrinale II
Cette affirmation de validité du Nouvel Ordo soulève la question de plusieurs façons.
Tout d'abord, en ce qui concerne la validité des messes dans lesquelles la forme longue a subi un changement substantiel de signification (comme discuté ci-dessus). C'est le cas de presque toutes les traductions vernaculaires postérieures au Concile.
Deuxièmement, au moment de la rédaction du présent document, la plupart des prêtres avaient été ordonnés selon les rites traditionnels, par des évêques également ordonnés et consacrés de la même manière. Ce n'est plus le cas aujourd'hui et, par conséquent, cette insistance ne tient pas compte des doutes soulevés quant à la validité
des nouveaux rites sacramentels pour les ordres sacrés ;
de l'administration de ces nouveaux rites d'ordination, même s'ils sont valides en eux-mêmes ; ou
des baptêmes des hommes ordonnés dans le milieu conciliaire (cf. les cas très choquants de plusieurs « prêtres » qui ont découvert qu'ils n'avaient jamais été baptisés).
Troisièmement, comme l'écrit de Nantes lui-même :
« Ce n'est pas un récit, une évocation ou une « simple mémoire », mais une réitération de l'action. C'est un nouvel acte du Christ. »
Les moralistes McHugh et Callan affirment que l'intention d'agir au nom du Christ est essentielle pour la validité, de sorte que la récitation d'un formulaire narratif serait invalide.
Devoirs concernant une consécration valide - Au niveau interne, il doit y avoir l'intention (réelle ou virtuelle) d'agir au nom du Christ et d'accomplir ce que les mots de la consécration signifient ; une simple récitation narrative du formulaire est donc insuffisante.12
De Nantes néglige de noter que l'Instruction générale du Missel romain (Novus Ordo) fait référence au « récit de l'institution et à la consécration » et que les paroles de la consécration sont maintenant souvent appelées simplement « récit de l’institution » dans le langage courant.13
Les effets de cette situation ne sont pas clairs pour cet auteur, mais ils semblent suffisants pour susciter l'inquiétude.
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Pour en savoir plus:
Patrick Henry Omlor explique l'opinion de saint Thomas comme suit :
« Certains ont soutenu, dit saint Thomas, que les mots Ceci est le calice de mon sang appartiennent seuls à la substance (c'est-à-dire à l'essence ou à la partie nécessaire - Auth.) de la forme, mais non les mots qui les suivent. Or cela semble incorrect, car les mots qui les suivent sont des déterminations du prédicat, c'est-à-dire du sang du Christ ; par conséquent, ils appartiennent à l'intégrité de l'expression ».
Il poursuit : « C'est pourquoi d'autres disent plus exactement que tous les mots qui suivent sont de la substance de la forme jusqu'aux mots : Aussi souvent que vous ferez cela (mais sans inclure ces mots -- Auth) ». Sinon, pourquoi le prêtre continuerait-il à tenir le calice jusqu'à ce qu'il ait prononcé toutes ces paroles ? « C'est pourquoi le prêtre prononce toutes les paroles, selon le même rite et de la même manière, c'est-à-dire en tenant le calice dans ses mains. (Summa Th. III, Q. 78, Art. 3).
Il poursuit en donnant les explications de saint Thomas sur la nécessité de chaque clause et de chaque phrase. Patrick Henry Omlor, Questioning the Validity of the Masses using the new all-English canon (QTV), nn. 24-5. In The Robber Church (TRC) – The Collected Writings 1968-1997, p 18, PDF format.
Selon les carmélites de Salamanque, voir ci-dessous.
Cf.:
Nous devons donc croire fermement (certo credendum est) » que la forme de la consécration du vin “consiste dans les mots suivants : Ceci est le calice de mon sang, du testament nouveau et éternel, du mystère de la foi, qui sera versé pour vous et pour beaucoup, pour la rémission des péchés” : Ceci est le calice de mon sang, du testament nouveau et éternel, du mystère de la foi, qui sera versé pour vous et pour beaucoup, en rémission des péchés ». (Partie II, chap. 4, par. 21) Et immédiatement en dessous, au par. 22, nous lisons : « Sur cette forme, personne ne peut douter (Verum de hac forma nemo dubitare poterit)... il est clair qu'aucun autre mot ne constitue la forme (perspicuum est, aliam formam constituendam non esse). »
QTV, n. 21. TRC, p 17.
Omlor, Has the Church the Right? In TRC, p 83.
Cf.:
« Il se trouve que notre opinion et celle du docteur saint Thomas est, d'une part, la plus probable, d'un point de vue spéculatif ; et d'autre part, c'est l'opinion la plus sûre et celle qui doit être entièrement suivie dans la pratique. Alors qu'en réalité l'opinion de nos adversaires est uniquement spéculative, et « probable » pour ainsi dire d'un point de vue métaphysique seulement, mais elle est totalement dépourvue de toute valeur pratique, puisqu'elle ne peut pas être réduite à la pratique à cause du danger de ne pas consacrer ».
The Salmanticenses’ Response to de Lugo on the Form of the Consecration of the Wine, (traduction documentaire du père Lawrence S. Brey, avec une introduction de Patrick Henry Omlor). Dans The Robber Church, p 230.
The Necessary Signification in the Sacramental Form of the Holy Eucharist, n. 5. In TRC pp. 282-3.
Pope Clement VI, in Super quibusdam, 1351. In Has the Church the Right? In The Robber Church, 80.
Pope St Pius X, Ex quo, nono (Dec. 26,1910)
Pius XII, Sacramentum Ordinis, 1947.
John A. McHugh OP & Charles J. Callan OP, Moral Theology - A Complete Course Based on St. Thomas Aquinas and the Best Modern Authorities. Vol. II, n. 2701 (b). B. Herder, London, 1958.